A 22 ans, Catarina de Faria Cristas finit sa formation d’ingénieure spécialisée en cybersécurité. En mars, elle débutera un stage chez Airbus CyberSecurity.
Elle fera bientôt partie des rares femmes spécialistes de cybersécurité. Catarina de Faria Cristas, 22 ans, finit actuellement son cursus à Laval (Mayenne), au sein de l'École supérieure d'informatique électronique automatique (ESIEA), une école d'ingénieur proposant, en cinquième et dernière année, une « majeure », soit une spécialisation en cybersécurité (plus d'infos sur l'école en fin d'article). En mars, cette scientifique intègrera l'entreprise Airbus CyberSecurity pour un stage de six mois.
Comment Catarina a-t-elle choisi cette voie ? Dès sa terminale, la lycéenne, intéressée par l'informatique, teste le développement - avec la création d'un site web - puis la programmation lors de projets scolaires. Le bac en poche - mention très bien - elle intègre une classe préparatoire scientifique au lycée Kléber de Strasbourg (Bas-Rhin), avant de passer les concours des écoles d'ingénieurs et de décrocher son ticket pour l'ESIA.
« A la sortie du lycée, je savais que je voulais être ingénieure, mais pas vraiment dans quel domaine même si je trouvais déjà l'informatique plus intéressant que les mathématiques ou la physique, se souvient-elle. Les deux années de prépa m'ont permis de murir mon projet professionnel ». Durant sa dernière année à Kléber, Catarina crée d'ailleurs une petite voiture autonome - un projet en lien avec l'informatique - qu'elle présente à ses oraux de concours.
Ce qu'elle aime dans la cybersécurité ? « Il faut arriver à comprendre comment les systèmes fonctionnent pour les attaquer - lors de tests d'intrusion, afin d'évaluer leur sécurité - ou pour les défendre », explique-t-elle. Et puis, le secteur permet de s'orienter vers différents métiers.
Même si aujourd'hui, son choix n'est pas encore fixé, l'apprentie ingénieure se verrait bien travailler dans un « CERT » (pour Computer Emergency Response Team, soit en français, une équipe d'intervention en cas d'urgence informatique), ces experts intervenant lorsqu'une entreprise se fait hacker pour « analyser et trouver d'où vient l'attaque », détaille-t-elle. Autre option possible : « Etudier les applications qui sont développées », afin d'y détecter les failles possibles.
Durant un an, l'étudiante - elles sont 10% de filles dans sa promo de près de 50 élèves - a approfondi ses savoirs en matière de cybersécurité (en étudiant la sécurité dans la programmation, celle des réseaux locaux, des modèles mathématiques, etc). Mais « réviser ses cours n'est pas suffisant pour être un ingénieur compétent en cybersécurité, prévient-elle. Il faut toujours avoir l'envie de se renseigner sur les nouvelles attaques, les nouvelles technologies, faire de la veille sur internet et s'améliorer, sinon, on ne peut pas faire carrière ». Car dans ce domaine, l'obsolescence des connaissances va très vite.
Mais pour le passionné, les offres d'emploi vont pleuvoir, avec des salaires qui débutent, pour un junior, à minimum 36 000 euros bruts par an, voire 40 000 euros en région parisienne. « L'année dernière, un très grand nombre d'étudiants avaient déjà un CDI avant l'obtention du diplôme, observe Catarina. Je vais sans doute avoir de très belles opportunités de travail ». En France, en Europe, ou même dans le reste du monde.
Une formation axée sur la pratique
L'École supérieure d'informatique électronique automatique (ESIEA), école d'ingénieur créée en 1958, implantée à Laval (Mayenne), Paris et Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), propose pour ses étudiants de 5ème année une spécialisation en cybersécurité, en anglais, qui fait partie des 59 formations françaises de l'enseignement supérieur - dont une vingtaine d'écoles d'ingénieurs - labellisées par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information.
Au sein de ce master spécialisé, « 68% de l'enseignement se fait par la pratique, notamment autour de projets réalisés en interne ou en partenariat avec des sociétés. Soixante-dix pour cent des enseignants sont issus de l'entreprise », indique l'école d'ingénieur. L'ESIEA, qui forme actuellement près de 1500 étudiants, dispose également d'un laboratoire Confiance Numérique et Sécurité (CNS) travaillant sur la sécurité informatique, principalement en virologie et en cryptologie. Dès la 2ème année de leurs études, les étudiants peuvent intégrer ce laboratoire afin de participer aux audits de cybersécurité des entreprises. Plus de 30 sociétés de plusieurs secteurs (industrie, médical, finance, droit, construction automobile, etc) de différents pays ont été auditées par celui-ci.